La députée écologiste, qui s’est récemment illustrée par une sortie à l’encontre des agriculteurs, envisage d’acquérir une ferme dans le Finistère. Certains habitants de la commune ne voient pas cette arrivée d’un bon œil.
À Dinéault, dans le Finistère, les conversations tournent, ces derniers temps, autour d’une possible nouvelle arrivée dans la commune. Comme l'a révélé Le Télégramme, le 30 juillet, la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau, envisage d’acheter une ancienne bergerie à l’entrée du bourg de 1 800 habitants, qui compte 38 exploitations agricoles. Un projet qui interroge, car l’élue, pas plus tard qu’il y a deux semaines, s’en était prise avec véhémence au monde agricole.
Interrogée par Le Média au sujet de la très clivante loi Duplomb, qui permet la réintroduction d’un pesticide présentant des risques pour la santé des abeilles et celle des humains, l’élue avait déclaré : "J'en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs", ajoutant que "la rentabilité par des produits chimiques au détriment des sols, de la biodiversité, de notre santé, ce n’est pas de la rentabilité, c’est de l’argent sale".
"Madame Rousseau, n’avez-vous pas fait une erreur ?"
Son choix de s’installer en pleine terre agricole paraît incompréhensible à certains habitants. Patrik Sastre-Coader, secrétaire général de la Coordination rurale pour le Finistère, qui a croisé la députée par hasard dans le bourg, a développé sa pensée dans une lettre ouverte : "Madame Rousseau, n’avez-vous pas fait une erreur en choisissant une commune agricole (une maison au milieu des bois eût été sans aucun doute plus propice) ? Comment pensez-vous que la majorité des professionnels du polyculture-élevage autochtones vont apprécier votre venue ? Ne craignez-vous pas – sans excuses de votre part – d’être la cible du mécontentement général au regard de vos postures idéologiques clivantes et – souvent – hors sol ?"
Le maire de la commune, interrogé par Le Télégramme, juge aussi ce choix "surprenant". "Elle est très clivante, Madame Rousseau. Il est très surprenant qu’elle ait choisi de s’installer ici, au milieu de gens qu’elle semble mépriser". Sollicitée elle aussi par nos confrères, Sandrine Rousseau s’est justifiée. Elle, qui vient "tous les étés à Douarnenez, depuis trente ans", dit avoir "besoin d’avoir des espaces de sérénité et (...) un lieu à proximité pour (se) ressourcer".
"Un modèle agro-industriel à bout de souffle"
Peu après ses propos polémiques sur la rentabilité des agriculteurs, la députée avait précisé sa position dans un communiqué. "Ce que j’ai dénoncé par ces propos, ce n’est évidemment pas la question du revenu des agriculteurs, dont je défends pleinement la garantie, mais un modèle agro-industriel à bout de souffle, qui impose une rentabilité maximale à la production au détriment des agriculteurs eux-mêmes", a-t-elle écrit. "Ce n’est pas être ''contre les agriculteurs'' que de dénoncer un système qui les broie. C’est au contraire leur rendre justice en défendant un autre avenir pour eux."
Quoi qu’il en soit, le projet d’installation de Sandrine Rousseau n’en est qu’au stade de projet : "rien de définitif n’est signé", a-t-elle précisé au Télégramme. À la fin de sa lettre, Patrik Sastre-Coader, qui voit lui aussi "des points négatifs" à la loi Duplomb, comme il l’a confié à France 3, veut tenter la carte de l’entente cordiale : "Je vous accueillerai avec plaisir et prudence dans mon élevage de brebis (...). Sachez aussi que je perdrai toute neutralité à la prochaine incartade clivante et non fondée à l’encontre de l’agriculture. Le choix de cultiver de bonnes relations de voisinage sera donc le fruit de votre propre choix et de votre responsabilité."